Ce petit message ... à l'égard de ceux qui pensent que le concept luthérien de justification par la foi seule disqualifie l'action humaine. Il prolonge Réforme & Sola Fide.
On pourrait se dire "s'il n'y a que la foi seule pour nous justifier aux yeux de Dieu, alors agir ne sert à rien : je vais croiser les bras, avoir la foi et attendre d'être sauvé" ...
... Mais dès les premières thèses des quatre-vingt-quinze (thèses), Luther nous exhorte à la haine de soi (qui est la vraie pénitence intérieure), aux mortifications de la chair (qui pourraient faire figure de "pénitence extérieure"). Il nous exhorte ensuite à accepter d'être sauvé par Dieu tout en sachant que c'est incompréhensible puisqu'on est inacceptable (c'est le mystère de la foi). A quoi bon se haïr, à quoi bon mortifier sa chair, à quoi bon ces actions si elles ne sont pas la foi elle-même, puisque si elles ne sont pas la foi, elles ne servent à rien ? (question rhétorique)
Sur la nature de la foi, Tillich nous éclaire quand il offre une re-formulation du concept luthérien de justification par la foi seule : "la foi, c'est accepter d'être accepté en dépit du fait que l'on soit inacceptable". En somme, qu'est-ce que la foi luthérienne ? C'est une action ou un ensemble d'action : la haine de soi, la mortification, l'acceptation paradoxale de soi.
Bref, la foi luthérienne n'est pas une chose passive comme une espérance délavée, une attente "les bras croisés" ou encore une acceptation passive. Il s'agit d'une acceptation active et de violences envers les parties pécheresses de soi-même. La foi luthérienne ne disqualifie pas toutes les actions humaines, dans la mesure ou elle est elle-même active (constituée d'actions).
A mon sens, cette lecture de Luther est aussi libre que l'action (volontaire) qu'elle a pour objet.
Revenons aux thèses de la haine soi comme vraie pénitence intérieure et à celle de la mortification de la chair :
Dans ces lignes, Luther souligne que la haine de soi est la vraie pénitence intérieure, et que cette pénitence est insuffisante et inopérante sans divers mortifications de la chair (et inversement). Dans l'hypothèse d'une "foi comme activité volontaire" j'ai lu ces lignes comme des exhortations : Luther qui exhorte le fidèle à se haïr, Luther qui exhorte le fidèle à s'auto-flageller. Mais si on recoupe les thèses de Wittenberg avec Du serf arbitre, les propos luthériens prennent un autre sens : il ne nous exhorte plus à nous haïr nous-même, il nous fait comprendre que la foi (chose Sainte), placée en nous, se livre à une lutte acharnée contre ce qui est sale en nous, que la haine de soi en découle nécessairement. Et cette lutte est consubstantielle au chemin de la pénitence, au devenir-chrétien. Du moment qu'on devient chrétien, on est serf de la "guerre active" dans laquelle s'engage la foi contre ce qui est mal en nous ; guerre active de laquelle naissent haine de soi, mortification de la chair et acceptation paradoxale de soi.
Cette seconde lecture fait qu'on est serf de la foi qui impose son activité. Mais ici comme avant, elle reste active et ne disqualifie pas toutes les actions humaines.
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On pourrait se dire "s'il n'y a que la foi seule pour nous justifier aux yeux de Dieu, alors agir ne sert à rien : je vais croiser les bras, avoir la foi et attendre d'être sauvé" ...
Ière lecture - La foi comme activité volontaire
... Mais dès les premières thèses des quatre-vingt-quinze (thèses), Luther nous exhorte à la haine de soi (qui est la vraie pénitence intérieure), aux mortifications de la chair (qui pourraient faire figure de "pénitence extérieure"). Il nous exhorte ensuite à accepter d'être sauvé par Dieu tout en sachant que c'est incompréhensible puisqu'on est inacceptable (c'est le mystère de la foi). A quoi bon se haïr, à quoi bon mortifier sa chair, à quoi bon ces actions si elles ne sont pas la foi elle-même, puisque si elles ne sont pas la foi, elles ne servent à rien ? (question rhétorique)
Sur la nature de la foi, Tillich nous éclaire quand il offre une re-formulation du concept luthérien de justification par la foi seule : "la foi, c'est accepter d'être accepté en dépit du fait que l'on soit inacceptable". En somme, qu'est-ce que la foi luthérienne ? C'est une action ou un ensemble d'action : la haine de soi, la mortification, l'acceptation paradoxale de soi.
Bref, la foi luthérienne n'est pas une chose passive comme une espérance délavée, une attente "les bras croisés" ou encore une acceptation passive. Il s'agit d'une acceptation active et de violences envers les parties pécheresses de soi-même. La foi luthérienne ne disqualifie pas toutes les actions humaines, dans la mesure ou elle est elle-même active (constituée d'actions).
A mon sens, cette lecture de Luther est aussi libre que l'action (volontaire) qu'elle a pour objet.
IIème lecture - La foi comme activité serf
Revenons aux thèses de la haine soi comme vraie pénitence intérieure et à celle de la mortification de la chair :
Luther, in Les quatre-vingt-quinze thèses a écrit:1- En disant : Faites pénitence, notre Maître et Seigneur Jésus-Christ a voulu que la vie entière des fidèles fût une pénitence.
3- Toutefois elle ne signifie pas non plus la seule pénitence intérieure ; celle-ci est nulle, si elle ne produit pas au dehors toutes sortes de mortifications de la chair.
4- C'est pourquoi la peine dure aussi longtemps que dure la haine de soi-même, la vraie pénitence intérieure, c'est à dire jusqu'à l'entrée dans le royaume des cieux.
Dans ces lignes, Luther souligne que la haine de soi est la vraie pénitence intérieure, et que cette pénitence est insuffisante et inopérante sans divers mortifications de la chair (et inversement). Dans l'hypothèse d'une "foi comme activité volontaire" j'ai lu ces lignes comme des exhortations : Luther qui exhorte le fidèle à se haïr, Luther qui exhorte le fidèle à s'auto-flageller. Mais si on recoupe les thèses de Wittenberg avec Du serf arbitre, les propos luthériens prennent un autre sens : il ne nous exhorte plus à nous haïr nous-même, il nous fait comprendre que la foi (chose Sainte), placée en nous, se livre à une lutte acharnée contre ce qui est sale en nous, que la haine de soi en découle nécessairement. Et cette lutte est consubstantielle au chemin de la pénitence, au devenir-chrétien. Du moment qu'on devient chrétien, on est serf de la "guerre active" dans laquelle s'engage la foi contre ce qui est mal en nous ; guerre active de laquelle naissent haine de soi, mortification de la chair et acceptation paradoxale de soi.
Cette seconde lecture fait qu'on est serf de la foi qui impose son activité. Mais ici comme avant, elle reste active et ne disqualifie pas toutes les actions humaines.