[Auteur] Karl Popper

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Théories sur la science en discussion avec les différentes sciences concernées. Vous êtes invités à défendre votre point de vue.

[Auteur] Karl Popper

Messagepar OoS le 31 Jan 2005, 16:04

Karl Popper


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(1902-1994)


Dans les années 20, à Vienne, Karl Popper s'est posé une question intéressante: Les 3 théories émergentes, c'est-à -dire, la Relativité, la Psychanalyse et le Marxisme, sont elles des sciences?

A travers cette question va se déployer une épistémologie, c'est-à -dire, une connaissance de la connaissance. Son épistémologie est a priori, c'est-à -dire qu'elle énonce les règles absolues de toutes sciences. C'est à la science a se mouler sur ce modèle. Nous allons explorer quelques aspects de sa théorisation.

*** *** ***


A - La Logique
Pour Karl Popper, il existe deux types de logique:

1 - La Logique Inductive
Mouvement logique par lequel je raisonne en allant du particulier au général, de ce que j'observe en fonction de la loi de fonctionnement de ce que j'observe.
Ex: "Comme le soleil se lève demain (et après demain, etc), il se lèvera donc tous les jours".

Ca produit du probable. Mais ça ne peut se mener à terme, à moins d'être présent à tous les matins du monde. Ca mène ainsi à l'impasse et au probable.

2 - La Logique Déductive
Va du général au particulier, comme par exemple
Ex:"Selon les mouvements des planètes, le soleil se lèvera demain".

La logique inductive produit du certain, mais dans un domaine limité par elle même: C'est le raisonnement Hypothético-Déductif, qui ne vaut que dans le cadre qu'il s'est défini lui-même.

*


B - Les Critères Scientifiques
Il élabore une critère de démarcation très ingénieux: Le Marxisme et la Psychanalyse ont une prétention universelle et universalisante, alors que la Relativité ne peut pas tout intégrer et peut se laisser contredire par les faits. Ainsi un discours scientifique comporte deux critères:

1 - C'est un discours empiriques, c'est-à -dire, basé sur des faits.
2 - C'est un discours hypothétique, réfutable.

La Réfutabilité est le critère de la science pour Popper. Un énoncé n'est réfutable que si c'est une prédiction. Une bonne hypothèse par exemple, c'est "Le Soleil se lèvera demain matin". C'est facilement vérifiable. Par contre, "Il y a une vie après la mort", c'est irréfutable.

L'énoncé scientifique est mortel. Un énoncé qui prétend à son immortalité, c'est un énoncé non scientifique.

*


C - Les Hypothèses
Selon Popper, il y a 4 types d'hypothèses:

1 - Moddus Tollens
Si l'hypothèse est infirmé, cela produit une certitude. On sera sûr que ce sera pas ça.
Ex:"Manger une pomme transforme en Lapin".
Si on voit que manger une pomme ne transforme pas en lapin, ce sera une certitude.

2 - L'Erreur Consistant à Affirmer le Conséquent
Si l'hypothèse est corroboré, cela produit du probable. En fait, on ai pas vraiment sûr que A affirmer B, mais tant qu'on a pas mieux, on garde jusqu'à preuve du contraire.

Ex:"Manger du gruyère donne des aphtes"
Ca peut-être vrai, mais ça se trouve, c'est une saleté sur le gruyère qui donne des aphtes. Vous voyez ici qu'il y a une asymétrie radicale entre l'hypothèse infirmée, qui produit du certain, et l'hypothèse corroboré, qui elle produit du probable.

3 - L'Expérience Crucial
Deux hypothèses contradictoires expliquent un même phénomène. On fera une expérience croisant les résultant, et l'hypothèse réfutée fera augmenter la probabilité de l'autre.

4 - L'Hypothèse Ad Hoc
La bête noire de Popper. C'est une hypothèse proposée dans le seule but de sauver une conception communément admise.
Ex: Le Chaînon manquant de Darwin.

*


D - La Corroboration
Il y a 3 caractéristiques essentielles concernant la corroboration d'un hypothèse.

1 - Le degré auquel une hypothèse est corroboré ne dépend pas du nombre de faits qu'on observe en sa faveur. Il dépend de la rigueur logique des tests qu'on lui fait subir.
Ex: "Etre Français, c'est boire du pastaga et jouer à la pétanque"
Même si c'est largement rencontré, surtout dans le sud, ça ne corrobore pas cette hypothèse.

2 - Plus c'est simple, plus c'est direct, mieux c'est.

3 - Une hypothèse est corroboré ou non dans un certain cadre. Si on change de cadre, tout peut s'effondrer.
Ex: "Le Ballon fera telle trajectoire quand on tapera dedans"
Si on est sur la lune, ça change tout!
Dernière édition par OoS le 21 Mai 2006, 11:11, édité 1 fois au total.
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Messagepar ;-) le 12 Mai 2006, 19:23

Il y a également une partie de son dicour qui concerne les "moteur de la science" avec notemant:

Le reductionnisme, c'est a dire la tentative d'unification des causes, (comme on a cru le toucher avec l'éléctron en tant que particulie élémentaire) même si cela est voué a l'échec.

et justement, l'erreur agrumenté et defendu avec rigueur comme acceleratuer de l'acces au savoir.
Par ce Confuciusianisme on sera trappiste.
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Messagepar bergame le 28 Mai 2006, 01:43

"La logique inductive produit du certain, mais dans un domaine limité par elle même: C'est le raisonnement Hypothético-Déductif, qui ne vaut que dans le cadre qu'il s'est défini lui-même."


Bonjour,

J'étais persuadé que Popper acceptait les objections de Hume et que, pour lui, la logique inductive ne pouvait jamais produire de certitudes.
Par ailleurs, logique déductive et logique inductive ne sont pas assimilables, si ?
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Messagepar OoS le 28 Mai 2006, 09:40

bergame a écrit:...logique déductive et logique inductive ne sont pas assimilables, si ?

Sauf erreur de ma part, la logique inductive part des faits pour en tirer une loi, la logique déductive part d'une loi, ou de ses développements / conséquences pour expliquer des faits.
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Messagepar Mirce le 29 Aou 2006, 12:34

bergame a écrit:Par ailleurs, logique déductive et logique inductive ne sont pas assimilables, si ?


Si on faisait comme si Kant n'avait jamais existé, elles sont assimilables.

En observant une relation régulière entre certains faits dans certaines conditions, je peux en inférer que cette relation se reproduira une fois les conditions en question réunies. J'appellerai alors cette relation une loi. Mais si, en plus, je dis que c'est la seule façon d'établir une loi, alors la logique déductive est tout à  fait assimilable à  l'induction, car elle la suppose. Je peux certes partir d'une loi (établie inductivement) pour rendre raison des faits. Mais je garderai à  l'esprit que cette loi à  sa source dans l'observation, dans l'induction.

Et quand je dis cela, les difficultés ne font que commencer. Pourquoi ?
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Messagepar TeaBoh le 29 Aou 2006, 13:41

Induction, déduction, -n'oublions pas l'abduction des Pragmatistes- ;oui l'une semble impossible sans l'(es)autre(s).
C'est très compliqué et largement ineffable, je préfère pour ma part -je peux difficilement expliquer en quoi c'est lié, désolé- distinguer a priorisme (Platon, Kant) et empirisme (Hume, puis les Positivistes). C'est simplement plus clair dans ma tête mais chacun a ses trucs bien sur.
Popper propose une des synthèses les plus satisfaisantes. Mais la question de savoir qui a raison est à  jamais sans réponse, non? qui cela dérange t'il?
Dernière édition par TeaBoh le 18 Nov 2006, 13:49, édité 1 fois au total.
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Messagepar bergame le 27 Oct 2006, 21:09

Mirce a écrit:
bergame a écrit:Par ailleurs, logique déductive et logique inductive ne sont pas assimilables, si ?


Si on faisait comme si Kant n'avait jamais existé, elles sont assimilables.

En observant une relation régulière entre certains faits dans certaines conditions, je peux en inférer que cette relation se reproduira une fois les conditions en question réunies. J'appellerai alors cette relation une loi. Mais si, en plus, je dis que c'est la seule façon d'établir une loi, alors la logique déductive est tout à  fait assimilable à  l'induction, car elle la suppose. Je peux certes partir d'une loi (établie inductivement) pour rendre raison des faits. Mais je garderai à  l'esprit que cette loi à  sa source dans l'observation, dans l'induction.

Et quand je dis cela, les difficultés ne font que commencer. Pourquoi ?


Je ne comprends pas du tout.

H = Hypothèse, q = vérification empirique.
Les lois physiques sont des propositions du type [si H...alors q] : Si l'hypothèse est vraie, alors la vérification empirique est vraie ; donc j'ai une loi physique.
Si on regarde la table de vérité de l'opération [si..alors]on lit que :
1) Si q est vraie, H est ou vraie ou fausse
2) Si q est fausse, H est toujours fausse.

On reconnait le problème de Popper : 1) est la formalisation de la méthode qu'il appelle vérificationniste, 2) est la formalisation de la méthode falsificationniste (ce que Oos appelle la "réfutation").

Mais pour le sujet qui nous intéresse, on voit le problème que pose la logique inductive : Il est impossible, à  partir d'un cas particulier observé, d'en déduire quoique ce soit de vrai ou de faux.
Qu'on ajoute ensuite : "On peut parler de probable", peut-être, mais on sort ici du domaine de la logique pour rentrer dans celui de l'intuition. Non ?
Or, cela, c'est précisément ce que dit Hume.

On peut objecter que la déduction n'est jamais elle aussi que probabiliste, très bien et bien évidemment. Mais ce que je veux dire est qu'il existe une asymétrie entre la déduction et l'induction :
Soit une loi A -> B, disons qu'elle accepte un alpha d'erreur de 5%. Si j'observe b, je peux le ramener au cas B avec une probabilité d'avoir raison de 95%, et donc en déduire que b est causé par A.
En revanche, si j'observe x, que puis-je dire ? Peut-être x se ramène-t-il à  B, mais peut-être se ramène-t-il à  C, ou à  D, ou etc. Et ce, quelque soient les alpha que je choisisse. D'un fait x, c'est l'intuition qui me permet d'induire qu'il se réfère peut-être au cas B -ou la capacité de juger dit effectivement à  peu près Kant. Mais ce n'est pas une lubie de Kant : Il y a là  une asymétrie qui me parait évidente.
Non ?
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Messagepar bergame le 30 Oct 2006, 15:26

J'ai peut-être été un peu brutal, je précise donc que c'est une vraie question, sur laquelle j'aimerais bien avoir les lumières de Mirce ou d'autres. Cela fait un bout de temps que je bute sur cette question, sans voir de solution satisfaisante.
En particulier, je sais que Russell a développé une logique inductive, mais je n'ai jamais rien trouvé de compréhensible -pour moi- là -dessus.
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Messagepar Sephi le 30 Oct 2006, 19:00

Ton message est un peu confus pour moi. Je vais tenter de le reformuler :

H = théorie générale.
q = prédiction particulière empirique faite par la théorie.

Il y a deux méthodes pour évaluer H :
1) Si q est vraie, alors q valide H (= vérificationnisme).
2) Si q est fausse, alors q falsifie H (= falsificationnisme).
Popper dit : la méthode 1) n'est pas justifiée par la logique, car une observation particulière ne peut valider une affirmation générale. Par contre, la méthode 2) est justifiée par la logique : une contre-observation falsifie une affirmation générale.

Popper critique donc l'inductivisme, basé sur le vérificationnisme. L'inductivisme peut répondre à  cette critique en disant : une observation particulière ne valide pas la théorie, mais augmente la probabilité que la théorie soit vraie. C'est ce qu'on appelle l'inductivisme sophistiqué.

Quelle est ta question ?
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Messagepar bergame le 30 Oct 2006, 22:18

Merci :D

Donc on se comprend très bien en ce qui concerne Popper. Maintenant, deux choses :

- Que veut dire exactement l'énoncé : "la méthode vérificationniste produit du probable" ? Sachant que le hasard est une probabilité de 1/2, pour que cet énoncé ait du sens, il faudrait que la probabilité de q soit supérieure à  50%. Sinon, la méthode vérificationniste ne produit rien d'autre que du hasard.
Or, comment mesurer la probabilité de q ? Si q est le résultat d'une expérience maintes fois recommencée, il est impossible de calculer sa probabilité : q1, q2, q2, etc. sont des éléments d'un ensemble Qn dont on connait pas l'extension.

Je ne sais pas si c'est clair : En gros, ce que dit Hume à  propos de l'induction est que l'on peut recommencer 1000 fois la même expérience, rien ne certifie que le résultat de la 1001e sera conforme. Or, c'est bien à  cette objection que compte répondre Popper.
Mais si l'on accorde à  Popper l'idée que l'expérience est une question posée à  la nature, à  laquelle celle-ci répond par oui/non, quelle est la probabilité pour que lors de la 953e tentative, la réponse soit "oui" ? 50%. Car à  chaque nouvelle tentative, la probabilité est toujours de 1/2.
Ou si tel n'était pas le cas, j'aimerais bien qu'on m'explique combien exactement et pourquoi.

- De façon associée, ma première réaction portait sur la phrase : "La logique inductive produit du certain, mais dans un domaine limité par elle même: C'est le raisonnement Hypothético-Déductif, qui ne vaut que dans le cadre qu'il s'est défini lui-même."
D'abord, je ne voyais pas en quoi on pouvait dire que la logique inductive produisait du "certain" après avoir dit qu'elle produisait du probable, mais je n'insiste pas, je suppose maintenant que c'était une coquille.
Ensuite, je ne vois pas du tout comment on peut dire qu'un raisonnement déductif est équivalent à  un raisonnement inductif.
Mirce répond que l'induction présuppose la déduction. Il n'a pas tort : Pour opérer déductivement, il me faut un cas général, et ce cas général, je n'ai pas d'autre moyen de le constituer que par l'induction, d'une manière ou d'une autre.
Mais que la logique inductive présuppose la logique déductive ne veut pas dire que les deux sont équivalentes. Ne serait-ce que par la démonstration que je proposais :
Si je sais que A -> B, pour tout a, je déduis b.
En revanche, de b, je peux induire a, mais aussi X ou Y, ou Z etc.
Il y a donc une asymétrie entre les deux logiques, qui ne sont pas équivalentes.
Ma question ici est simplement : Ce raisonnement semble-t-il exact ? Ou y a-t-il une condition sous laquelle on peut dire que le raisonnement inductif est effectivement équivalent au raisonnement déductif ?

Et généralement, mon questionnement porte sur la logique inductive. Ces problèmes sont connus, mais j'ai entendu dire que Russell proposait quelque chose d'intéressant et j'aimerais bien savoir quoi, j'ai également entendu parler du théorème de Cox, mais j'avoue ne pas le comprendre. Voila voila :(
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Messagepar Sephi le 31 Oct 2006, 01:38

En fait, on ne se comprend pas très bien à  propos de Popper.

bergame a écrit:- Que veut dire exactement l'énoncé : "la méthode vérificationniste produit du probable" ? Sachant que le hasard est une probabilité de 1/2, (...) Si q est le résultat d'une expérience maintes fois recommencée, il est impossible de calculer sa probabilité (...)

"Le vérificationnisme produit du probable" signifie qu'une théorie souvent vérifiée est probablement plus vraie qu'une théorie peu vérifiée (je me répète).

Le hasard n'est pas une probabilité de 1/2, le hasard correspond à  une probabilité différente de 0 et de 1. Un événement est hasardeux si la probabilité qu'il se produise n'est ni 0, ni 1 : ça signifie qu'il y a des chances qu'il se produise, ou pas, mais qu'on ne peut être sûr de rien.

Par contre, ce que tu dis après peut, en des termes plus appropriés, constituer une critique envers l'inductivisme sophistiqué (celui qui admet la probabilité). Dire qu'une théorie souvent vérifiée est plus probable qu'une autre est absurde, car il est impossible de calculer précisément cette probabilité que la théorie soit vraie. En effet, une théorie est générale, c.-à -d. qu'elle s'applique à  une infinité de cas, tandis que les observations empiriques ne sont qu'en nombre fini. La probabilité qu'une théorie soit vraie serait donc le rapport d'un nombre fini sur un nombre infini, ce qui donne zéro : absurde et/ou inutile.

Donc, l'inductivisme sophistiqué est également à  rejeter, c'est trop nul.

bergame a écrit:Je ne sais pas si c'est clair : En gros, ce que dit Hume à  propos de l'induction est que l'on peut recommencer 1000 fois la même expérience, rien ne certifie que le résultat de la 1001e sera conforme. Or, c'est bien à  cette objection que compte répondre Popper.

Non, Popper a très bien compris que l'inductivisme et le vérificationnisme ne menaient à  rien, c'est exactement pour ça qu'il propose le falsificationnisme !



Et enfin, je ne comprends pas d'où vient l'idée qu'induction et déduction sont équivalentes, vu qu'elles sont exactement l'opposée l'une de l'autre ! OoS l'a très bien compris et pourtant on n'a pas tenu compte de son message.

L'induction consiste à  observer des cas particuliers pour en tirer une loi générale, tandis que la déduction part d'une loi générale pour en prédire des cas particulier.

Induction :
- j'observe 10 corbeaux noirs,
- j'en tire la loi que "tous les corbeaux sont noirs".
Objection : rien ne garantit, logiquement, que le 11e corbeau sera noir. De plus, dire que le 11e corbeau sera probablement noir est absurde, pour les raisons citées plus haut.
Conclusion : l'induction, c'est à  jeter.

Déduction :
- j'ai la loi "tous les corbeaux sont noirs",
- je prédis que tout corbeau que j'observe sera noir.
Objection : aucune. C'est parfait et logiquement justifié.

Falsification (ce que j'appelle contre-induction) :
- j'observe 1 corbeau blanc,
- j'en tire que la loi "tous les corbeaux sont noirs" est fausse.
Objection : aucune. C'est parfait et logiquement justifié, Popper l'a bien compris.


Induction et déduction ne sont pas équivalentes, parce que seule la seconde est logiquement justifiée. Si cela répond à  ta question ...
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Messagepar bergame le 31 Oct 2006, 11:45

Bon, ok sur l'asymétrie induction / déduction. Et merci pour ta réponse. Ca fait longtemps que je me dis que cette idée de l'induction qui produit du probable est une bétise, et que si l'induction a du sens, c'est sur le plan de l'intuition. Mais comme je suis un débutant -autodidacte- en logique, je n'ai pas trop de points de repères.
Si tu me permets, j'aimerais quand même continuer à  rebondir sur ce que tu dis, quitte à  ce que cela nous éloigne -un peu- du sujet de départ.

Je suis étonné par ta définition du hasard. Il est tout à  fait possible, sous certaines conditions, de définir l'occurence d'un événement : C'est bien là  que les proba sont utiles.
Or ce qui est prédictible, par définition, est distinct du hasard, non ?
Par exemple, dans toutes les disciplines dites scientifiques, on admet qu'une "loi" ne décrit un phénomène reproductible qu'avec une marge d'erreur que l'on fixe à  l'avance (en général, 5 ou 10%). Si ta définition était correcte, il faudrait donc admettre que les disciplines scientifiques ne produisent que du hasard. Non ?
Je sais qu'il existe plusieurs définitions du hasard, mais celle-ci, à  tort ou à  raison, me semble problématique, ou me trompai-je ?
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Messagepar Sephi le 31 Oct 2006, 13:02

Je vois ce que tu veux dire.

Il faut distinguer deux choses : la théorie et la pratique.

Une théorie déterministe (c.-à -d. dépourvue de toute présence de hasard) devra être testée en pratique avec une certaine marge d'erreur liée au fait que les instruments d'expérience sont faillibles.

Mais cette marge d'erreur ne provient pas de la théorie, seulement du contexte pratique de sa mise en oeuvre. De ce fait, on ne peut pas considérer cette marge d'erreur pour parler du hasard au sein de la théorie.




Le hasard, le vrai, est théorique. C'est celui qui est présent dans une théorie indéterministe. Et ce hasard-là , il correspond à  la présence nécessaire de probabilités (autres que 0 et 1) dans la théorie.

Autrement dit, une théorie indéterministe, c'est une théorie qui repose fondamentalement sur des probabilités. C'est le cas de la mécanique quantique, par exemple.




C'est pour cette raison que non, les théories scientifiques ne produisent pas toutes du hasard. Si la gravitation prédit qu'une planète donnée se trouvera à  tel endroit à  tel instant, et que la mesure de la position de ladite planète diffère de la prédiction de 0.000001%, c'est une marge d'erreur pratique, non théorique. La gravitation est déterministe.

Par contre, si la mécanique quantique prédit qu'une particule donnée se trouvera soit en un endroit A avec une probabilité P(A), soit en B avec une probabilité P(B), ça c'est purement théorique. La mécanique quantique est indéterministe.
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Messagepar Mirce le 02 Nov 2006, 02:33

bergame a écrit:
H = Hypothèse, q = vérification empirique.
Les lois physiques sont des propositions du type [si H...alors q] : Si l'hypothèse est vraie, alors la vérification empirique est vraie ; donc j'ai une loi physique.


"Si l'hypothèse est vraie...". Nous allons un peu trop vite en besogne. L'hypothèse ne se révélera vraie ou fausse qu'après la vérification. Autrement dit : "l'hypothèse est vraie, si...".

bergame a écrit:Si on regarde la table de vérité de l'opération [si..alors]on lit que :
1) Si q est vraie, H est ou vraie ou fausse
2) Si q est fausse, H est toujours fausse.



Votre point 1 est un peu hardi, même dans le contexte que vous vous donnez. La vérité de q n'a d'autre sens que de valider ou réfuter H. En ce sens, si q est toujours vrai, H ne peut pas être, en logique formelle, faux. La procédure de vérification q n'a pas de valeur autonome.

bergame a écrit:Mais pour le sujet qui nous intéresse, on voit le problème que pose la logique inductive : Il est impossible, à  partir d'un cas particulier observé, d'en déduire quoique ce soit de vrai ou de faux.


Fiorst ov ol, bien piètres seraient le logicien ou le scientifique qui se mettraient en tête de "déduire" une vérité à  partir d'un seul cas particulier. L'induction ne "déduit" pas, mais induit, et non pas à  partir d'un cas, mais à  partir d'une série de cas particuliers. Voilà  en condensé le credo des inductivistes. Mais derrière cette apparente limpidité se cache un redoutable problème ou, pour ne pas nous effrayer inutilement, une regrettable illusion.

Nous n'abordons jamais les "faits" avec une conscience vide de tout concept, de toute référence théorique. Le seul être que je connaisse comme étant un empiriste pur, un inductiviste idéal, c'est l'animal. Qu'on le veuille ou pas, chaque nouvelle détermination inductive d'un fait se produit toujours à  la lumière de tel ou tel concept ou d'un système plus ou moins conscient et bien ordonné de concepts. Nous ne pensons jamais à  partir de zéro, à  partir uniquement des faits. Déjà  au niveau de la perception des faits nous manifestons une activité conceptuelle. La soi-disant "induction empirique" s'accomplit dès le départ comme une concrétisation des représentations et des concepts avec lesquels on aborde les faits, c'est-à -dire comme une "déduction", comme un processus d'enrichissement des concepts (théories) initiaux par des déterminations nouvelles extraites des faits au moyen de l'abstraction. Les cartésiens avaient ainsi parfaitement raison en faisant remarquer aux newtoniens, qui mettaient en évidence le caractère exclusivement inductif de leur démarche, qu'aucune induction n'est capable de fonder les principes de cette école, notamment celui de la réalité du "vide" comme condition nécessaire du mouvement des particules.

En d'autres termes, en regardant de plus près, toute induction est une "déduction" masquée.
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Messagepar Sephi le 02 Nov 2006, 16:27

Mirce a écrit:En ce sens, si q est toujours vrai, H ne peut pas être, en logique formelle, faux.

Il supposait avoir "H => q".

Dans ce contexte, il a raison : "H faux => q vrai" fait partie des valeurs de vérité possibles de "=>".
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